L’église conserve de sa phase primitive les murs nord et sud de la
nef. Ils présentent un appareil en silex disposés en opus
spicatum ou en arête de poisson, et des petites baies étroites
en pierre calcaire avec linteau monolithe, aujourd’hui bouchées.
Les analyses par C14, effectuées sur des fragments de charbons issus
de brindilles de bois pris dans le mortier ont permis de dater la
construction vers 974 +/- 30 ans, ce qui en fait un édifice
carolingien, et l’un des plus anciens de Normandie datés
scientifiquement. De nombreuses autres églises dans l’Eure
possèdent des murs similaires, témoignant aussi de leur grande
ancienneté. Au XIIe siècle, le mur sud brûle en partie, comme en
témoignent les traces de rubéfaction sur les silex. La partie ouest
de ce mur est reconstruite ainsi que le pignon ouest, avec un
appareil en blocage de silex et des pierres de grison pour la baie,
le chaînage d’angle et la porte d’entrée. L’angle oriental du
mur nord semble aussi dater de cette reprise. A l’époque romane,
l’église possédait un chœur de plan semi-circulaire et une
charpente à faible pente avec un plafond de bois.
Au XVe siècle, la charpente romane est remplacée par une charpente
voûtée et lambrissée, reposant sur des poteaux, avec un clocher
intégré à la première travée. Cette charpente est une structure
mixte avec des chevrons-formant-fermes pour la voûte et des fermes
et pannes pour la couverture, ce qui représente une grande quantité
de bois d’œuvre consommé et un travail remarquable de taille et
d’assemblage. Ce système mixte est unique en France et ne se
rencontre que dans le Pays d’Ouche où devait exister un atelier de
charpenterie spécialisé dans cette technique. Toutes les poutres
apparentes sont sculptées et peintes. La baie centrale du mur sud
est percée à cette occasion puisque les poteaux sont placés devant
les baies romanes.
Au XVIe siècle, une nouvelle baie est ouverte dans le mur sud. Le
mur nord devait rester aveugle.
En 1716, le chœur est reconstruit. Une plaque commémorative placée
en haut du pignon mentionne les maîtres d’œuvre et le
commanditaire : « POUR LA PLUS GRANDE GLOIRE DE DIEU CE
CHANCEL A ETE REEDIFIE ET AMPLIFIE PAR M .. DESCHAMPS CURE DE CETTE
PAROISSE LA MACONNERIE FAITE PAR JEAN C(G ?)OUST ET SES FILS LA
CHARPENTE PAR SIMON DU..IR ET SES FILS 1716 ». La voûte
lambrissée a été peinte, de même que le pignon intérieur avec un
vaste rideau bleu encadrant le retable. Le mur nord de la nef a été
repercé à cette occasion avec des encadrements en brique.
L’église était originellement dédicacée à Saint Jacques et
c’est certainement au XVe siècle qu’elle fut réaffectée au
culte de Saint-Cyr-Sainte Julitte. Elle possédait un mobilier tout à
fait remarquable (voir photo 1938) avec plusieurs statues en bois
polychrome des XVe et XVIe siècles, déposées au musée de Bernay,
des pierres sculptées (volées), des stalles du XVIIe siècle
(volées) et des vitraux du XVIe siècle (déposés au musée de
Bernay pour certains, les autres furent détruits). Excepté les
statues et quelques vitraux qui furent déposées par la mairie, le
reste du mobilier fut volé ou bien heureusement sauvegardé par des
habitants soucieux du patrimoine comme le coq du clocher ainsi que la
croix du XVIe siècle qui nous ont été restitués et replacés en
haut de la flèche. Le coq, criblé de plomb, ne pouvait
malheureusement pas être replacé.